Vivre avec les Tsataans, un peuple nomade éleveurs de rennes
Tourisme authentique en Mongolie : rencontre avec les peuples Tsataans
La Mongolie progresse dans sa politique d’ouverture touristique internationale, avec 404 000 voyageurs étrangers en 2016. Cet État d’Asie orientale, partageant ses frontières avec la Chine et la Russie, se distingue de ses superbes rivales par son cachet unique, eu égard à son profil montagneux, à ses forêts denses et à ses coutumes maintenues vivaces et intactes comme au temps des premières civilisations. Depuis quelques années, le Gouvernement mongol cherche à mettre en avant le tourisme authentique, en donnant une place centrale à l’environnement sauvage et au séjour chez l’habitant pour plonger au cœur de la vie nomade des tribus Tsataans. Lumière sur le sujet.
Le peuple des taiga, les fameux éleveurs de rennes
À l’Extrême-Nord de la Mongolie, les Tsataans ou Dukhas désignent une tribu d’agropasteurs en transhumance qui s’étaient retirés derrière les forêts de conifères de la taïga. L’élevage de rennes est leur principal moyen de subsistance : c’est une activité transmise par les aïeux, que les habitants considéraient comme un devoir de perpétuer. Les produits de chasse et de cueillette constituent une part essentielle du régime alimentaire. Ici, la tradition érige une puissante barrière aux sirènes du monde moderne, en guidant les actes, les mœurs, et même jusqu’à l’organisation des travaux agricoles. Au départ de Moron, au nord de la Mongolie, le voyageur doit laisser le monde auquel il est habitué à la porte. Nous pénétrons, à cheval chez les éleveurs de rennes, dans le monde unique et mystérieux des Tsataans, des forêts de steppe, des lacs d’altitude et des chercheurs d’or.
Les Dukhas et les rennes sont inséparables : une vie de bergers rythmée par les migrations
En séjournant chez les Tsataans, le mode de vie traditionnel de ces bergers se révélera aux touristes comme dans un livre ouvert. Une famille de bergers possède entre 25 et 150 têtes de cervidés. La disponibilité des pâturages est extrêmement variable suivant les saisons, ce qui pousse les Dukhas à mener une existence nomade, se déplaçant d’un endroit à un autre dans la quête d’herbes fraîches et abondantes pour les troupeaux. En hiver, les bergers quittent les altitudes pour les forêts de pins, où le climat est moins venteux et où les rennes se nourriront de la maigre végétation enfouie dans la neige. En mi-juin, ils installent leurs tipis dans les pâturages de haute montagne, dont la fraîcheur et la masse d’enneigement sont particulièrement adaptées aux cervidés. La relation intime, presque fusionnelle, entre l’homme et l’animal se trahit dans tous les gestes de la vie quotidienne.
Boire du thé, déguster les produits de la ferme, observer des séances de chasse…
Pour s’en convaincre, il suffit de constater que l’occasion de boire du thé, du lait de yack et de chameau se présentera assurément lors d’un voyage en Mongolie. Le thé est un cocktail de bienvenue proposé habituellement au touriste. Ces éleveurs incorrigibles préfèrent s’en tenir à une alimentation lactée plutôt que d’abattre les précieuses bêtes. On dit même que la conduite d’un renne précède l’apprentissage de la lecture et de l’écriture chez les jeunes enfants.
La chasse est à la fois un hobby et une impérieuse nécessité chez le peuple des Dukhas. Pas de gibier, pas de viande. La majorité des touristes assisteront avec plaisir aux séances de chasse, où les hommes partent sur les traces des ours noirs, des loups, des marmottes et des renards. L’affaire des femmes se résume à la traite des rennes, la collecte de bois de chauffe et la confection de robes, de sacs et de bottes pour affronter la rigueur de l’hiver. La taïga mongole est une terre de rencontres humaines et culturelles, dont seul un voyage sur terrain permettra d’explorer la richesse.
Venir en aide à une population et une richesse naturelle menacée…
L’histoire des rennes est vraiment un miracle de la nature, sans compter qu’elle participe de l’identité culturelle et religieuse du peuple Dukha lui-même. Malheureusement, ces rennes sont actuellement en danger de disparition, par suite de la pollution, de la privatisation des terres, et du réchauffement climatique qui favorise les maladies du bétail.
Dans cette optique, le ministère de la Nature, de l’Environnement et du Tourisme de la Mongolie a inscrit la promotion du tourisme chez l’habitant au cœur des priorités nationales. Il s’agit d’un secteur de niche qui fait valoir l’héritage social et culturel des Tsataans, leurs connaissances traditionnelles, l’expérience de vie avec les rennes domestiques, la découverte de la biodiversité exceptionnelle de la taiga dans ses nombreux parcs nationaux.
Les villages proposent une diversité de loisirs et d’animations culturelles : s’égarer à volonté dans les forêts de pins et de mélèzes, faire de l’équitation, pêcher des poissons, se balader en canoë sur le lac d’eaux claires de Khövsgöl, assister à des transes chamaniques… Le voyageur a librement le choix selon ses envies, la longueur de son séjour ou ses possibilités budgétaires. Une opportunité pour vivre une aventure authentique, dans un endroit isolé et coupé du monde,
où la nature sauvage a gardé ses droits. Une opportunité aussi de soutenir les familles d’éleveurs de rennes qui ont de plus en plus mal à joindre les deux bouts.